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Collection de verres du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux

Dernière mise à jour : 12 mai 2022

Une sélection de verres du XVIIe siècle "à la façon de Venise" et pièces des XVIIIe/XIXe siècles


Référence de l'article : La collection de verres du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux : une sélection de verre du XVIIe siècle "à la façon de Venise", In : bulletin de l'AFAV, 2013, p.132-135.

Lors du colloque de l'AFAV organisé à Bordeaux en 2012, une partie de la collection des verres du XVIIe siècle du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux ont été présentés par Catherine Hébrard-Salivas et Geneviève Petit-Rapaport.







Le musée des Arts décoratifs possède une belle collection de verres, représentative de la production française à l’époque moderne.


L’analyse stylistique et archéologique de quelques pièces du musée qui sont typiques de la fabrication française du XVIe au XIXe siècle permettent d’avoir un aperçu de cette collection.




Introduction

La collection de verres du musée des Arts décoratifs de Bordeaux avec ses 800 pièces, est représentative de la production verrière française depuis le XVIIe siècle.



Deux collectionneurs en particulier ont contribué par leur legs à son enrichissement

-Georges Périé, mort en le 6 janvier 1945. Adjoint au maire et conseiller général, il léga à la ville de Bx en 1945, sa très belle collection d’objets d’art comprenant beaucoup de verres datés du XVII au XIXe siècle.

-Raymond Jeanvrot (1884-1966), royaliste, passionné par l’histoire des derniers Bourbon et spécialiste du XIXe siècle, surtout de la période Restauration. Il vendit à la ville de Bordeaux une partie de sa collection en 1958 et léga à sa mort en 1966 le reste, soit un total de 18.000 pièces dont de nombreux verres anglais et du XIXe.


De nombreux verriers d’origine italienne sont présents dès le XVIe dans la région, présence qui ne gomme pas l’activité verrière des siècles précédents. Les minutes notariales du XVIe et du XVIIe attestent la présence de verriers dans le Blayais, le Bazadais, en Dordogne et en Périgord (La Double). Ces verriers achetaient auprès de marchands bordelais, certaines matières premières (soude, salicor, verre cassé) et en retour ces derniers leur achetaient les verres à boire et les flacons de toute sorte désignés ainsi : "verres blancs", "verre de compte", verres "écrits et grisonnets" et aussi « gobets ou gobeaux" en forme de Venise, coupes "à la façon de Venise", aiguières, calices, verres "cristaux martelés et planiers ». Cette référence à Venise indique la présence et souligne l’influence des verriers altaristes dans la région, à l’exemple des autres régions françaises.



Coupe dit "TAZZA" (inv. 7560)

La "tazza" est formée d’une coupe, d’une jambe et d’un pied soufflé en trois paraisons. La large coupe polylobée en forme de corolle à 12 vagues, travaillées à la pince, repose sur une jambe en forme de balustre, soufflée dans un moule à décor de côtes et de points ou gouttes. La jambe s’unit au pied par un disque et une tige pleine. Le pied circulaire est presque plat. (1ère moitié XVIIe siècle Sud-Ouest).



Verre (inv 78.3.6)




Le verre est composé d'une coupe, d'une jambe et d'un pied, soufflés en trois paraisons. La coupe conique est profonde et soufflée dans un moule à décor de côtes. Elle repose, par l’intermédiaire d'une amolisse constituée d’un disque en verre plein, sur une jambe soufflée dans un moule aussi à décor de côtes et de points ou gouttes. Cette jambe est formée d’un large bulbe, d’un renflement et d’un balustre posé sur un disque et sur une petite tige pleine. Le pied est soufflé dans un moule à décor de côtes rayonnantes et de stries. (XVIIe siècle Sud-Ouest).



Gourde (Inv. 7554)

L'avancée de la recherche a permis de rectifier l'origine de cette gourde que l'on avait attribué dans un premier temps à Nevers (Nevers, appelé le petit Murano au XVIIe s. et qui était le principal centre de production de verres à la façon de Venise). En fait, elle proviendrait des ateliers de la Montagne Noire.

Sa panse réniforme se resserre à l’épaulement pour former le long col tubulaire évasé au bord. Deux petites anses en verre bleu turquoise, en forme d’accolade, sont appliquées à l’épaulement. La base arrondie rentre en cône à la mise au pontil.


La panse est ornée de taches de couleur bleu-vert, rouge et blanc qui s’étirent en spirale au col. Technique très ancienne, connue sous l’empire romain qui consiste, au cours du soufflage, à rouler à plusieurs reprises, la paraison encore molle sur des fragments de verres cassés de différentes couleurs. La forme des taches, sur la panse, et leur transformation en spirales au col traduisent bien le travail du verrier qui d’abord, par son souffle, a fait gonfler le verre et ainsi former la panse puis l’a étiré et torsadé pour former le col (1ère moitié XVIIe s.)


Vase (inv. 7269)


Les verriers italiens s’établirent aussi en Espagne, voici un exemple de verrerie provenant de la Catalogne et illustrant les rapports artistiques et commerciaux entre les provinces espagnoles et françaises situées de part et d’autre des Pyrénées. Le vase est composé d’une panse, d’une jambe et d’un pied, soufflés en une paraison. La panse biconique se prolonge par un long col évasé et conique, et se termine par une courte jambe cylindrique en verre plein présentant un renflement central. Le pied conique a un ressaut. Le décor se compose d’un fin filet autour du col et de deux rubans crantés disposés de chaque côté de la panse et recouvrant aussi les deux anses (Espagne, Catalogne, XVIIe siècle).


Verres de la Montagne Noire?

Ces trois verres sont exposé dans les vitrines des XVIe/XVIIe siècles du Salon vert du musée. Deux de ces objets sont des donations de 1911, d’Edouard Evrard de Fayolle. Ce dernier collectionnait des verres de la région et a fait don de ces objets au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux et au Musée du Périgord à Périgueux.

Ces objets proviennent de la région Sud-Ouest de la France mais on ne sait pas où ils ont été fabriqués. Toutefois il est possible de les rapprocher des productions de la Montagne Noire en particulier des productions de l’atelier de Peyremoutou et de Candesoubre.




Nous ne pouvons pas présenter les verres du XVIIe siècle

du Musée des Arts Décoratifs de Bordeaux sans évoquer

les plus belles pièces du musée datant

du XVIIIe siècle et du XIX siècle.


Flacon à boule (inv.58.1.7789)

Evocation dans la collection d’un autre italien, Bernard Perrot dont l’œuvre et les recherches, ont marqué la verrerie française. Altariste, il est venu rejoindre dans les années 1650 son oncle Jean Castellane à Nevers puis s’installe à Orléans en 1662. Il est l’inventeur, entre autre, du coulage du verre sur table, pour lequel il dépose un brevet en 1670.





Ce flacon en verre opalin provient d'Orléans et date du début XVIIIe siècle. Le flacon est formé d’une boule à tige, d’un vase et d’un pied. La boule sphérique à décor de deux bouquets de feuillages et de plumets, se prolonge par une tige tubulaire rentrant dans le vase. Le vase, en forme de balustre à col évasé, est orné, entre deux frises de festons, d’un cœur enflammé et ailé et de rinceaux de plumets et de feuillages.





Verres du XVIIIe siècle

Au début du XVIIIe, apparaît un verre typiquement français et d’aspect modeste qui comme le dit Savary des Bruslons dans son dictionnaire rend le vin meilleur, c’est le verre dit fougère ou pivette ou chambourin (verre inv.7429). Puis arrivent les verres « à la façon d’Angleterre » et « à la façon de Bohême » (verres : inv. 7574 et inv.69.3.2.17).

Venus d’Angleterre ou peut-être pour quelques uns soufflés à Bordeaux. La verrerie installée près des remparts de Bordeaux fut créée par un irlandais, Pierre Mitchell en 1723. D’après les documents d’archives, il avait construit un four à la manière anglaise et importait le salicor d’Angleterre. Il fabriquait « des bouteilles, cristaux verres et autres ouvrages de verrerie à l’exception des glaces » (A.D. C 1595).


Verre (inv. 7429)

Le verre est formé d’une coupe, d’une jambe et d’un pied. La coupe tronconique est soufflée dans un moule et présente un décor de nids d’abeilles dans sa partie inférieure. La jambe grêle qui a la forme d’une petite tige pleine, se resserre sous la coupe. Le pied conique est ourlé (1ère moitié XVIIIe siècle France).



Verre (inv. 7574)

Le verre est formé d’une coupe, d’une jambe et d’un pied, soufflés en trois paraisons. La coupe conique est arrondie à la base par un fondeau et décorée de deux brins de muguet gravés et disposés en bouquet. La longue jambe cylindrique est ornée à l’intérieur de filigranes blancs opaques : deux filets épais et torsadés se croisent. Le pied est plat (Verre au plomb, fin XVIIIe, Angleterre).




Verre (inv. 69.3.217)

La petite coupe campaniforme à fondeau repose sur une longue jambe cylindrique décorée à l’intérieur d’un air twist. Le pied est conique. (Verre au plomb, milieu XVIIIe siècle, Norvège ( ?) « A la façon de Bohême »).






Verre ( inv 7528)

La grande coupe cylindrique est liée à la jambe taillée, de forme balustre et de section octogonale, par un bouton lui aussi taillé de facettes, placé entre deux disques plats. La jambe repose, par l’intermédiaire d’un troisième disque plat, sur un pied plat gravé d’un décor composé de quatre arbres et de deux églises. La coupe est gravée d’une scène de chasse à courre : Le chasseur à cheval, pistolet au poing, poursuit avec ses deux chiens, une biche et un cerf. Au loin, apparaissent un village avec des champs et une église (XVIIIe siècle, Bohême).



Bouteilles

Il faut aussi parler des bouteilles de vin dont la fabrication est à l’origine de beaucoup de verreries de la région : à Bordeaux celle du sieur Pierre Mitchell en 1723, un concurrent le sieur Fouberg à Bourg en 1730 et son principal concurrent à Libourne, le sieur Vanderbrande en 1748, le sieur Latapy près de Bazas en 1766 et le sieur Sansané quai de Paludate à Bx en1758.

Frédéric de Dietrich, maire de Strasbourg dans son « Enquête sur les ressources du sous-sol dans la Région pyrénéenne écrit en 1786 « Il y a à Bordeaux 3 verreries qui fabriquent chacune 400mille bouteilles par an ».


Bouteille (Inv. 10742)

Cette bouteille noire opaque a une panse sphérique à l’épaulement arrondi qui se prolonge par un petit col conique dont le bord est souligné d’une cordeline de verre rapporté. La base rentre en cône à la mise au pontil, réalisée à la manière anglaise (XVIIe siècle, 1ère moitié, Bordeaux ou Bourg sur Gironde).





Bouteille exposée au musée (Inv. 107 36)


Bouteille de couleur vert clair translucide. La panse tronconique à l’épaulement arrondi se prolonge par un col tubulaire, bordé d’un filet de verre (cordeline) rapporté et cassé au pourtour supérieur. La base rentre en cône à la mise au pontil. La panse est ornée, dans sa partie supérieure, d’un cachet marqué P.C, couronné et encadré de deux petits félins. (1730-1735 - Bourg sur Gironde cave d’Esconges).





Bouteille (Inv.8098)

Bouteille verre foncée. La panse cylindrique à l’épaulement arrondi se prolonge par un long col tubulaire, évasé vers le bas et bordé d’un filet de verre rapporté au pourtour supérieur. La base rentre en cône à la mise au pontil. Une étiquette est collée sur la panse portant cette inscription « Verreries de Bourg, cave d’Esconges ». Forme cylindrique créée vers 1735 (93 cl) par les Anglais afin de faciliter le stockage des bouteilles dans les bateaux. (milieu du XVIIIe siècle).



XIXe siècle

verre d’eau, composé d’une carafe à eau, d’un carafon pour fleur d'oranger, d’un sucrier, de deux verres ou un seul et d’un plateau. C’est une création du XIXe utilisée pour se rafraîchir la nuit.


Inv. 58.1.4375

Opaline blanche doublée d’opaline rose, « pâte de riz », soufflée dans un moule et décor peint (1840-1850. Lorraine Baccarat). Ayant appartenu à la Duchesse de Parme qui était la fille de la duchesse de Berry et la sœur du duc de Bordeaux, comte de Chambord.





Inv. 58.1.9999

Cristal 1827, soufflé dans un moule et incrustation en pâte de céramique blanche. Décor typique de l’époque Restauration : lorgnettes alternant avec des petits rectangles striés et un cristalo cérame à l’effigie du duc de Bordeaux d’après la médaille de Dubois en 1827 (France).



 



Tous ces objets sont visibles au Musée des Arts Décoratifs et du Design

39 rue Bouffard, 33000 Bordeaux

 

Bibliographie indicative


Baumgartner 2003

Baumgarter (E.) : Venise et Façon de Venise, verres Renaissance du Musée des Arts Décoratifs, Paris, 2003.


Commandré, Martin 2009

Commandré (I.), Martin (F.) : la verrerie forestière de Candesoubre, commune de Lacabarède (81), Rapport final d’opération, 2009.


de Boysson 2012

de Boysson (B.) : Hôtel de Lalande, Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, Somogy éditions d’art, Paris, 2012.


Foy et al. 1983

Foy (D.), Averous (J.-C.), Bourel (B.) : Peyremoutou : une verrerie du XVIIe siècle dans la Montagne Noire, premiers résultats des fouilles archéologiques, Archéologie du Midi médiéval, t. 1, 1983, p. 93-1001.


Hébrard 2009

Hébrard-Salivas (C.) : L’activité verrière au XVIe siècle en Aquitaine, Société Archéologique de Bordeaux, t. C, 2009, p. 101-11 8.



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